Vous trouverez dans cette rubrique des écrits papier ou en téléchargement proposants une réflexion à partir de la pratique. Ces écrits ne sont pas des quêtes de vérité mais des propositions pour se questionner. Certains, anciens, ne correspondent déjà plus à mes réflexions actuelles mais ils ont le mérite d’avoir jalonné un parcours.

Pratique et conscience sont deux piliers dont dispose l’homme pour creuser son sillon.

_{L’ Aikido au dojo et au delà.}

Alain Biehly. Publié dans la revue Shumeikan

L’Aïkido propose une résolution des conflits selon le principe de non opposition. Utiliser la force de
l’autre pour le contrôler, l’immobiliser. Présence, posture et placement sont nécessaires pour y
parvenir. L’Aïkido amène chacun à développer de façon plus ou moins subtile, une conscience
simultanée de soi et de l’autre. Conscience qui permet à chaque pratiquant, selon ses possibilités de
découvrir la place où il devient possible de contrôler l’action de l’autre sans se mettre en danger.
L’efficacité de cette approche du conflit, confirmée en situation d’agression corporelle, l’est tout autant
sur le plan métaphorique du conflit verbal.
Il ne s’agit plus de gagner ou de perdre mais d’aboutir à une solution qui favorise une issue positive
du conflit pour les deux acteurs. Pour cela il est nécessaire que l’autre ne se sente pas détruit ou
totalement lésé. Parvenir à entendre quelque chose de lui malgré le conflit et le conduire vers une
résolution qui soit la plus ouverte possible, telle est la préoccupation. L’exercice n’est pas simple mais
néanmoins possible pour peu qu’on identifie bien les enjeux de la situation et qu’on acquière
suffisamment de confiance en soi et de fluidité dans la posture, mentale et corporelle. L’Aïkido nous
offre cette possibilité d’évoluer face à ce qu’il est courant d’appeler l’adversité.
Parvenir à vivre le conflit en dehors du champ de la dualité ne concerne pas uniquement notre
relation à l’autre mais aussi la relation que nous entretenons avec nous-même. Cette dernière
constitue le terreau qui nous permet d’entrer en relation avec les autres et les évènements extérieurs.
C’est tout le sens de la préparation au début du cours: la mise en place, pour soi, des
conditions( corporelles,respiratoires, mentales…..) de la pratique avec le partenaire. Délier le corps et
le mental dans une présence »ici et maintenant ».
De manière plus complexe, il en est de même dans le quotidien vis à vis des autres et des
évènements. Ne pas se figer sur ses pensées,ses émotions et pouvoir les observer sans jugement
est la clé qui permet de ne pas y être soumis. Les observations de ce témoin silencieux connecté au
présent,dénouent progressivement les fils de ce qu’on nomme l’égo. Cela à condition que nous
acceptions cet exercice à renouveller sans cesse. Les faits de vie ne se résument plus entre vrai ou
faux, bon ou mauvais. La réalité change soudainement de visage. Que rajouter de plus à ces paroles
de Houei Neng, patriarche zen « Notre être au sens exact, nous est révélé par notre usage de nous
mêmes ».
Il s’avère important au fil des années de savoir pourquoi on pratique l’Aikido. Se poser la question
permet de rester vivant dans l’orientation à donner à sa pratique. Ne pas s’engager dans les
differentes impasses qui se présentent, nécessite vigilance. La facilité et les certitudes guettent. Pour
cela il est indispensable de ne jamais interrompre l’exercice. Cest lui qui nous enseigne,  » Même
l’eau la plus pure peut pourrir  » Tamura Sensei.
L’exercice offre sans cesse la possibilité de revisiter sa pratique, de faire évoluer ses sensations, de
répondre à certaines questions et d’en ouvrir d’autres. Rien n’est statique, tout est mouvement.
L’accepter ne dépend que de nous, tant au dojo qu’à l’extérieur.
A chacun selon son ancienneté et son investissement dans la pratique, d’explorer, de vivre les
exercices proposés. On ne peut pas changer l’autre, on ne peut agir que sur soi. Le chemin à
parcourir est illimité, le guide y est important mais chacun y est son propre maitre.

La saisie pour se construire.

Fabrice Cast et Alain Biehly, article publié dans la revue Dragon numéro 25, juillet 2019.

Article de Fabrice Cast et Alain Biehly, publié dans Dragon numéro 25, juillet 2019

« Le tanto »:

Alain Biehly. Article publié dans la revue Dragon numéro 14 , janvier 2017.

« Le culte de l’image ou le miroir aux alouettes »